Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LES LECTURES DU MOUTON
4 novembre 2016

L’exposition « Mexique 1900-1950 » au Grand Palais (5 octobre 2016 – 23 janvier 2017)

affiche_version_finale_-_mexique

J’attendais cette exposition, en association avec les instances culturelles mexicaines, avec impatience. Tout d’abord, j’avoue que mon intérêt premier était de renouer avec Frida Kahlo : j’avais adoré l’exposition en 2013 au musée de l’Orangerie (L’art en fusion. Frida Kahlo et Diego Rivera). Ensuite, j’étais curieuse de découvrir ou redécouvrir des œuvres et artistes de cette période si importante de l’histoire mexicaine que j’ai eu l’occasion de creuser un petit peu - grâce à mon amour pour Frida justement.

Avec cette exposition, le Grand Palais offre une grande rétrospective de l’art mexicain de la Révolution jusqu’au milieu du XXe siècle. Cette première moitié du XXe siècle était une période de grande richesse artistique qui mêlaient modernité, avant-gardisme – avec des emprunts à l’art européen et nord-américain – mais aussi une période de création d’une identité artistique mexicaine.

Bien évidemment, les grandes figures comme Frida Kahlo ou Diego Rivera ont contribué à la renommée et la force de cette identité culturelle mexicaine. Cependant, il est plus que réducteur de ne parler que d'eux tellement le Mexique a été traversé de multiples courants artistiques. Cette période a été riche d’artistes qui ont contribué à la création de cette identité tout en développant leurs propres singularités.

L’exposition, sur deux niveaux, est découpée en quatre parties.

La première partie est « L’art avant la révolution mexicaine ». Elle montre que la force de l’art mexicain du XXe siècle a été puisée dès le XIXe siècle, notamment avec la restauration de la République en 1867. Cette jeune République avait tout intérêt à utiliser l’art pour asseoir, justifier, glorifier son existence. Cette visibilité a été renforcée sur la scène internationale avec les voyages et formations des artistes mexicains en Europe notamment à Paris – mise en avant dans l’exposition – où ont vécu Diego Rivera, Zárraga et Montenegro par exemple.

20161027_175622

Diego Rivera (1886-1957) Paysage zapatiste (recto) 1915 Huile sur toile México, INBA, Museo Nacional de Arte Patrimoine culturel, 1982 © INBA / Museo Nacional de Arte © 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F / Adagp, Paris

Dans une grande deuxième partie, « Le Mexique et la Révolution », l’exposition montre le rôle décisif de la Révolution dans la construction politique mais aussi culturelle du pays. C’est à ce moment-là qu’on a véritablement la création d’une identité nationale (et même nationaliste) mexicaine. Le muralisme se développe et fait ainsi émerger trois grandes figures – los tres grandes – à savoir José Clemente Orozco, David Alfonso Siqueiros et Diego Rivera. Orozco a représenté la violence de cette Révolution. Siquieros a prôné un art public (d’où l’intérêt pour l’art mural), influencé par le modernisme, le machinisme et l’idée de lutte de classe. Rivera, quant à lui, a œuvré pour un art soutenant les idéaux révolutionnaires et communistes tout en étant fidèle aux traditions, à l’histoire du Mexique. Il a ainsi créé une œuvre utopique et l’image populaire du Mexicain indien et métis, à l’origine de stéréotypes de type raciste. Au-delà de ces trois grandes figures, l’exposition présente aussi quelques figures féminines fortes de l’époque. En effet, avec la Révolution, les femmes sont devenues plus actives et activistes. L’art offre un tremplin pour les femmes en tant que mécènes ou artistes à l’image de Nahui Olin, Rosa Rolanda ou Frida Kahlo évidemment.

20161027_181928

Diego Rivera (1886-1957) La Rivière Juchitán 1953-1955 Huile sur bois Mexico, Museo Nacional de Arte, dépôt à l’INBA du département de l’Administration et de l’Aliénation des biens, secrétariat des Finances et du Crédit public, 2015 © Jorge Vertíz Gargollo © 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F / Adagp, Paris

20161027_183633

Frida Kahlo (1907-1954) Les deux Frida 1939 Huile sur toile, 173 x 173 cm México, INBA, Collection Museo de Arte Moderno © INBA, Museo de Arte Moderno © 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico,, D.F. / Adagp, Paris

La troisième partie évoque « les autres visages de l’école mexicaine de peinture ». On y découvre ou redécouvre des artistes et des œuvres moins connus mais tout aussi importants dans la construction de l’identité artistique mexicaine : Robert Montenegro, Gerardo Murillo, Germán Cueto… 

20161027_18401220161027_184113

Le dernier volet de l’exposition – « Rencontre de deux mondes : Hybridation » – nous montre que face au succès de los tres grandes, les Etats-Unis prêtent attention à leur voisin et passent des commandes auprès de ses artistes. En même temps, certains artistes européens ou nord-américains viennent se réfugier au Mexique pour fuir les problèmes dans leurs pays dans les années 30 et 40. Ces mélanges ont nourri la production culturelle et créé un art hybride qui trouve son apogée dans le surréalisme.

J’ai beaucoup aimé cette exposition qui offre un grand nombre d’œuvres. Si la plupart sont des tableaux, il est à noter une place non négligeable faite aux sculptures. L’éclairage est correct, la scénographie n’a rien d’extraordinaire mais l’ensemble est sympathique, agréable.

Quelques œuvres récentes viennent émailler ici et là les murs pour montrer l’héritage de l’art mexicain du début du XXe siècle chez les artistes contemporains mais je n’ai pas trouvé cela forcément très pertinent. Soit il fallait s’abstenir car pas suffisamment nombreux pour être représentatifs, soit il fallait jouer la carte à fond et offrir une vraie exposition Mexique 1900-1950, ses influences, son héritage. Malgré ces infimes réserves, je ne peux que vous recommander si vous vivez en région parisienne ou si vous êtes en visite à Paris d’aller la voir.

20161027_174214

Mexique 1900 – 1950. Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clemente Orozco et les avant-gardes.

Ouverture : tous les jours de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h Fermé tous les mardis et le 25 décembre. Fermé à 18h les 24 et 31 décembre.

Tarifs : 13 €, 9 € TR (16-25 ans, famille nombreuse, demandeurs d’emploi) Tarif Tribu (4 pers. dont 2 jeunes de 16 à 25 ans) : 35 € Gratuit pour les moins de 16 ans, les bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.

Accès : métro ligne 1 et 13 «ChampsElysées-Clemenceau» ou ligne 9 «Franklin D.Roosevelt».

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité