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LES LECTURES DU MOUTON
24 août 2016

« La mésange et l’ogresse » de Harold Cobert

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« Et puis faut pas croire, il est exigeant mon fauve, très exigeant pour ses proies, comme avec son chien, il ne chasse pas n’importe qui, ça non, ce n’est pas toujours Noël, et quand bien même elles ne sont pas reparties, toutes ces filles, franchement, le viol, ce n’est pas mortel, dans d’autres pays, les fillettes violées, c’est presque normal, pourquoi on en fait tout un foin comme ça ? »

Qui ne connaît pas l’affaire Fourniret ? Qui ne connaît pas « l’ogre des Ardennes », l’un des plus tristement célèbres violeurs et tueurs en série ? Treize ans après son arrestation et huit ans après sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, tous les mystères ne sont pas encore levés et on peine à prouver certaines disparitions comme étant de son fait (comme celle d’Estelle Mouzin à Guermantes par exemple).

Harold Cobert, dans son nouveau roman, s’attaque à une histoire très lourde mais en y apportant en plus une vision originale. Alors qu’il aurait pu choisir de se mettre dans la tête de Michel Fourniret ou à expliquer uniquement les étapes de l’enquête, Harold a décidé de se mettre dans la tête de la femme de Fourniret, Monique Olivier. Progressivement, il montre ainsi le rôle essentiel de cette femme dans les crimes de son mari mais brosse en plus un portrait psychologique effrayant : elle accepte les déviances de son mari, l’aide à organiser ses chasses et pourtant, quand on lui demande ce qu’elle éprouve pour « son fauve », on est estomaqué. Plusieurs passages donnent la gerbe : l’utilisation de l’expression MSP (« membranes sur pattes ») pour désigner ces jeunes filles vierges voulues par Fourniret, les reconstitutions par le couple des scènes de viol et meurtres, leur absence d’empathie…

En parallèle, on suit le commissaire belge Jacques Debiesme (personnage romancé du commissaire Jacques Fagnart) durant cette année folle avant les aveux, où les Fourniret jouent avec lui au jeu du chat et de la souris. Il faudra en effet attendre la 120e audition de Monique Fourniret pour avoir des preuves pour les meurtres de deux jeunes filles. Jacques et son équipe luttent contre la fatigue, les mensonges du couple mais aussi les lourdeurs judiciaires comme le refus d'analyser l’ADN d’un cheveu pour des raisons budgétaires.

Malgré le sujet difficile, qui peut en rebuter plus d’un, on est happé par ce roman très bien mené et digne d’un bon polar. Je l’ai dévoré en deux jours personnellement.

 

Harold Cobert – La mésange et l’ogresse – Plon – 425p.

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