« Bianca » de Loulou Robert
Premier roman
« Dans certains pays, le suicide est interdit. Offense à Dieu, contre-nature, immoral, péché, déshonneur, crime, enfer. D’un point de vue catholique, le suicide est criminel, sauf chez les fous. Ça va, je l’irai pas en enfer. Je me marre. Mais, dis-moi, Dieu, si tu existes, si tu fais le bien, le juste, pourquoi une gamine de douze ans flotte à la surface de l’eau ? Si on va plus loin. Dieu, si tu es là-haut, au paradis, comme tu dis, pourquoi me reprocher de vouloir te suivre ? C’est pécher que de vouloir rejoindre, quitter un monde pour un autre ? Dis-moi, Dieu. Parle plus fort, je ne t’entends pas. Toujours pas. Alors quoi ? Tu vas l’envoyer en enfer ? Douze ans et au diable. Sympa Dieu, je ne t’entends toujours pas. Rigolo ce Dieu qui ne se voit pas, qui ne s’entend pas. Même les fous n’entendent pas ta voix. Tu appelles ça péché, mais c’est toi qui l’as créé. La douleur, le malheur, tu connais, non ? Dieu, plus fort. Alors, rien ? J’abandonne. Va au diable, Dieu ».
Bianca a dix-sept ans. Un jour, elle prend un cutter, s’enferme dans la salle de bains et s’ouvre les veines. Seulement dix-sept ans et déjà l’envie de mettre fin à sa vie.
Dans ce premier roman, Loulou Robert nous plonge dans les tourments et le mal-être adolescents. On suit ainsi Bianca en séjour pendant dix mois aux Primevères, une unité psychiatrique. Elle y rencontre l’amour avec l’instable Simon et Raphaël, se lie d’amitié avec Clara et découvre un grand-père de substitution avec le vieux Jeff. Elle décortique avec violence et justesse les pulsions morbides, le personnel médical, les envies de liberté et de s’en sortir. On sent à la lecture de ce roman des éléments éminemment autobiographiques.
Et pourtant, je n’ai pas réussi à adhérer à ce roman. L’écriture fluctue entre de belles fulgurances et un style très simple. Mais surtout, malgré sa force, je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage de Bianca. C’est bien dommage ! Je ferai cependant à nouveau confiance à cette jeune auteure de vingt-deux ans : la valeur attend parfois le nombre des années.
Loulou Robert – Bianca – Julliard – 295p.