« Ce qui nous sépare » d'Anne Collongues
Premier roman
« C’est rarement par plaisir qu’on se trouve bringuebalé dans la carcasse d’un RER, et ce qui sourd des présences muettes est bien différent de la légère euphorie ou de la quiétude que l’on perçoit parfois dans les wagons des TGV, peut-être parce que c’est le voyage alors, une sorte de luxe, un réel hors du temps et non la traversée de l’ordinaire. »
La francilienne que je suis, qui a des milliers de kilomètres de RER à son compteur, n'a pu qu'être intriguée par le pitch de ce premier roman d'Anne Collongues.
Ce qui nous sépare : très bon titre qui souligne bien ce que l'on ressent quand on effectue son trajet quotidien. On côtoie, parfois de très (trop) près, des anonymes qu'on supporte du mieux qu'on peut. Tout le monde adopte une attitude placide. Bref, on attend que ça passe... Et pourtant, derrières les masques, derrières les lassitudes, de multiples vies se font, se défont. Des cœurs battent, des souffrances se taisent. Ce sont ces vies intérieures, que personne ne soupçonne, qu'Anne Collongues dévoile dans ce roman choral à travers sept personnages qui s'épient tout en réfléchissant à leurs propres vies.
Nous avons Marie, une jeune mère débordée et qui semble malheureuse dans sa vie. Cigarette, elle, aide ses parents propriétaires d'un bar-PMU mais rêve d'ailleurs. Franck se méfie d'un jeune mec de cité, Chérif, alors que ce dernier est rongé par l'amour qu'il porte à la copine de son frère. Alain vient de province et s'est éloigné d'un événement dramatique. Dramatique est aussi la raison qui pousse Laura à se rendre tous les mardis dans une clinique. Enfin, Liad est un jeune qui arrive d'Israël et découvre la France.
Le sujet aurait pu être casse-gueule mais l'auteure a su traiter avec justesse et bienveillance ces personnages à un moment-clé de leur vie dans un lieu pourtant banal de leur quotidien. On se laisse bercer par l'écriture qui ne tombe jamais dans le mielleux et on s'attache à ces différents personnages. De quoi regarder d'un œil nouveau ses compagnons de galère du RER !
Anne Collongues – Ce qui nous sépare – Actes Sud – 175p.