Leiloona organise chaque semaine des ateliers d'écriture. Tous les mardi/mercredi, elle met en ligne sur son blog une photo qui doit permettre d'éveiller l'imagination et mettre ainsi en place un processus d'écriture. Les participants doivent ensuite fournir un texte le dimanche soir qui suit. Le lundi matin, Leiloona les publie ou met les liens des différentes participations.

voilier

 

© Claude Huré 

 

S'échapper, quel triste verbe ! Triste verbe qu'on utilise parfois pour exprimer ce que l'on désire à un moment ou à un autre de sa vie, même quand tout va bien... surtout quand tout va bien d'ailleurs ! Le bonheur est souvent une prison : il naît, s'épanouit la plupart du temps grâce à quelque chose ou à quelqu'un. Où est le « je » ?

S'ÉCHAPPER... non décidément ce verbe ne me sied pas... je ne m'échappe pas... c'est un retour, pas un départ.... je me retrouve. Cette solitude si chère, c'est mon voilier, celui qui vogue lentement au fil du vent, du courant. La solitude, c'est l'essence de la vie : on naît, vit, meurt toujours seul... face à soi-même. Mais les gens passent leur temps à la fuir, à multiplier les compagnies, à tuer le temps...

TUER le temps. Dieu que cette expression est aussi terrible ! C'est un mausolée. Depuis quand un voilier est heureux quand il est à quai ? Arrimé, il en impose, arbore ses plus beaux atours, se fait aborder. On l'admire de près, il se dresse fièrement parmi la foule des curieux et suscite désir, envie, plaisir. Mais peut-on aimer un bateau ancré ? Peut-on se contenter de jouir des regards ? Non, c'est impossible ! Il doit pouvoir déployer ses voiles, sillonner au souffle du vent, sentir son corps épouser la mer. Il navigue, il est libre, il intrigue, il en vibre.

Fidèle à mes amours, je suis éprise aussi de liberté et de solitude. Heureuse ou malheureuse, bien entourée ou complètement abandonnée, je sais que je larguerai les amarres, prendrai régulièrement le large, rechercherai souvent ces plaisirs solitaires. Il ne faudra pas s'en inquiéter, le pêcheur revient toujours au port. Mon petit voilier essuiera les tempêtes, quitte à devenir une épave... je m'en fiche, jusqu'au nadir de ma vie, il restera sans entrave.

©Virginie Vertigo