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LES LECTURES DU MOUTON
30 mai 2016

« Ceux qui restent » de Marie Laberge

 

Coup de cœur

2016-05-21 10

« On cherche, on s'accable, on pose mille questions, on rejette toute réponse - on voudrait tellement être autre chose que cet impuissant livré à la violence. Parce que c'est d'une telle violence. Parce que c'est inhumain, d'une atrocité innommable. Penser une seconde qu'on aurait pu faire quelque chose pour empêcher le désastre, et les portes de l'enfer s'ouvrent. Et on s'engouffre dans les mille pourquoi qui ne mènent qu'au refus que cette mort nous crache au cœur. Comme si mon fils me hurlait : tu n'y pouvais rien, tu n'étais pas assez pour me retenir. Je choisis ma solution, celle qui t'exclut à jamais, celle qui te nie, celle qui te tuera beaucoup plus lentement et sûrement que ta propre mort.  »

Le 26 avril 2000, Sylvain se suicide dans la résidence secondaire de ses parents. Comment « ceux qui restent » font face à la situation au moment du drame mais aussi dans les années qui suivent.

Marie Laberge, auteur et metteur en scène très connue au Québec mais beaucoup moins en France, nous offre un magnifique roman choral sur la capacité (ou pas) de résilience des proches d'un suicidé. Les personnages de « Ceux qui restent » et qu'on suit dans les quinze ans qui les séparent du drame sont multiples : il y a Mélanie-Lyne l'épouse et son fils Stéphane, Vincent et Muguette les parents et Charlène la maîtresse. Si certains arrivent à dépasser les événements, d'autres sombrent de manière insidieuse. Cependant, tous sont affectés à jamais par cet événement : rien ne peut être comme avant. Marie Laberge offre un roman puissant, où la psychologie des personnages est très fouillée. Mais surtout, ce qui donne vraiment corps, chair à ces personnages, c'est la langue. Une langue québécoise riche, haute en couleur, parfois très vulgaire mais qui donne sens au récit. Il est vrai que c'est parfois un peu déconcertant au départ (j'avoue avoir cherché quelques expressions peu explicites pour nous Français) mais on se laisse vite porter par sa musicalité. Après, si je voulais vraiment être tatillonne, je pourrais dire que le roman aurait gagné en légèreté s'il avait été un peu moins long (bon après j'ai toujours eu du mal avec les longs romans...).

Les éditions Stock ont eu une idée lumineuse de publier ce roman.

Une bien belle découverte ! Je recommande !

 

Marie Laberge – Ceux qui restent – Stock – 510p.

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Commentaires
L
Rien que le titre donne envie je trouve. Un livre que je me note sur ma très très longue WL :-)
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C
Un sujet intéressant, difficile.<br /> <br /> Les québécois ont le don d'avoir toujours les bons mots imagés juste comme il faut pour nuancer leur discours, j'adore.<br /> <br /> Bonne journée!
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