Coup de cœur
« On avait ce jeu tous les deux, pardonnable, impardonnable. Tu voles dans mon porte-monnaie : pardonnable. Un hold-up : pardonnable. Tu as commis un homicide involontaire : pardonnable. Un meurtre : pardonnable. Un assassinat, je viendrai te voir en prison ! On cherchait pour quel motif on pourrait bien se laisser tomber, lui et moi, on n'en voyait aucun : tout ce qui pourrait arriver de mauvais ou de contrariant, à l'un comme à l'autre, aurait forcément une explication, sinon une justification. Ce qui est bien, disait Milo en collant son nez dans mon cou, c'est de savoir que quelqu'un sera là pour toi quoi qu'il arrive, qu'au moins une personne au monde ne cessera jamais d'avoir confiance en toi. Ce qui est bien, répondais-je, c'est de savoir qu'une personne au monde, rien qu'une seule, tient à toi pour toujours. Quoi qu'il arrive. »
Quand les secrets de familles sont révélés, quand la colère est enfin exprimée, peut-on réussir, malgré tout, à pardonner ? Pardonner les autres mais aussi soi-même ?
C'est l'été. Milo, douze ans, s'élance à vélo sur une route de campagne en compagnie de sa tante Marguerite. La chute. Le coma.
Cet événement à la fois tragique et banal déclenche des conflits dans sa famille, jusqu'alors larvés, restés en sourdine. À travers cinq temps (colère, haine, vengeance, amertume, pardon), rappelant les cinq étapes du deuil (déni, colère, expression, dépression, acceptation), on suit les quatre personnages qui veillent Milo à son chevet : Céleste la mère, Lino le père, Jeanne la grand-mère et Marguerite la tante. Tour à tour, les personnages prennent la parole dans ce roman choral pour exprimer leurs angoisses, leur colère, leur ressentiments envers les autres membres de la famille.
Quand un malheur arrive, on cherche souvent un coupable et ce coupable est forcément un autre. Or, les différents personnages se rendent compte au fur et à mesure qu'il sont eux aussi responsables du climat familial ambiant.
Valérie Tong Cuong décrit avec beaucoup de finesse les sentiments de ses personnages. Les portraits qu'elle dresse d'eux les rendent très attachants. Aucun jugement de valeur n'est fait, chacun possède du bon et du mauvais et on ne se retrouve pas ainsi à prendre parti mais au contraire à espérer que les différents aveux et rebondissements permettent à cette famille de renouer le dialogue.
J'ai dévoré ce livre, lu en une journée tellement j'ai été happée par l'histoire et emportée par l'écriture de l'auteur. Ce livre faisait partie de ma LAL l'année dernière et je regrette d'avoir attendu pour le découvrir. Ce n'est pas grave, l'essentiel était de ne pas passer à côté de ce roman que je recommande chaudement à tous.
Valérie Tong Cuong – Pardonnable, impardonnable – J'ai lu – 320p.