« Le tabac Tresniek » de Robert Seethaler
« Sur le quai numéro deux de la Westbahnhof de Vienne, quatre cent cinquante-deux prisonniers politiques, entassés dans les wagons de queue d'un train spécial, attendaient d'être transportés à Dachau. Sur le quai d'en face, une vieille femme et un petit garçon assis côte à côte mordaient à tour de rôle dans une grande tartine beurrée. Bien au-dessus d'eux, sous le toit de la gare, quelques hirondelles sortaient en s'ébrouant d'un coin d'ombre et disparaissaient vers Hütteldorf en fendant l'air bruyamment. Lorsque retentit le sifflement strident du départ et que le train s'ébranla, le petit garçon sauta du banc et courut en riant et en agitant la main le long du quai. À ce moment se produisit quelque chose d'étrange : tous les prisonniers aux fenêtres agitèrent la main à leur tour. »
Nous sommes en août 1937 dans le Salzkammergut situé dans les Préalpes autrichiennes. Suite au décès d'un ami de sa mère, Franz Huchet se voit contraint à partir de sa région natale pour venir à Vienne et travailler avec Otto Tresniek, un buraliste unijambiste.
Franz a à peine dix-sept ans et il découvre en peu de temps les affres du cœur avec la belle et mystérieuse Anezka mais aussi la montée du nazisme dans le contexte de l'Anschluss et la discrimination des juifs.
Dans ce marasme, Franz se rapproche d'un client particulier du tabac Tresniek, le docteur Sigmund Freud. Cependant, l'enchaînement rapide des événements font que Franz perd toutes ses illusions et se sent étranger dans son propre pays.
J'ai dévoré ce livre plutôt bien écrit. Les descriptions des clients du tabac et de la montée du nazisme et de l'antisémitisme sont vraiment bonnes. Cependant, je trouve la relation amicale entre le jeune Franz et Freud un peu trop « téléphonée » et improbable. De même, le penchant amoureux pour la jeune Anezka me semble beaucoup trop rapide et sincère.
Malgré ces bémols, on passe un très bon moment de lecture.
Robert Seethaler – Le tabac Tresniek – Folio – 272p.