Coup de cœur 

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« Ce que c'était, la plèbe, je le sus à ce moment-là, beaucoup plus clairement que quand Mme Oliviero me l'avait demandé des années auparavant. La plèbe , c'était nous. La plèbe, c'étaient ces disputes pour la nourriture et le vin, cet énervement contre ceux qui étaient mieux servis et en premier, ce sol crasseux sur lequel les serveurs passaient et repassaient et ces toasts de plus en plus vulgaires. La plèbe, c'était ma mère, elle avait bu et maintenant se laissait aller contre l'épaule de mon père qui restait sérieux, et elle riait, bouche grande ouverte aux allusions sexuelles du commerçant en ferraille. Tout le monde riait et Lila aussi, elle semblait avoir un rôle à jouer et vouloir le jouer jusqu'au bout. »

Quel magnifique roman ! Je suis heureuse de l'avoir découvert grâce à Folio. Pourtant, au départ, j'ai eu un peu peur en voyant l'index (conséquent) des personnages. Je m'étais dit que la lecture de ces 400 pages allaient être difficile. Et puis, j'ai eu la présence d'esprit de zapper cet index et j'ai bien fait car concrètement, l'histoire se lit tellement bien qu'on suit sans problème les différentes familles et les personnes qui les composent.

Dans ce superbe roman, Elena Ferrante – dont nous ne savons pas grand chose, gardant farouchement son anonymat – dresse les portraits de deux jeunes filles, Lila et Lenù, de leurs huit/dix ans jusqu'à leurs dix-sept ans.

Nous sommes plongés dans un quartier populaire de Naples dans les années 50/60. Elena Ferrante y décrit la misère sociale, les haines familiales, la violence permanente aussi bien chez les adultes que les enfants et aussi l'ombre de la mafia qui plane sur plusieurs habitants du quartier.

Dans cet environnement hostile s'épanouit cependant, bon gré mal gré, l'amitié entre ces deux petites filles pourtant si différentes. Lila est la « mauvaise », l'espiègle, une surdouée mais qui finalement s'éloigne de l'école tandis que Lenù est une « gentille », une fille banale mais volontaire et bonne élève. Lenù envie cette « amie prodigieuse » qui pourtant va la surprendre en s'attachant à un garçon dont les intentions et activités semblent suspectes.

La fin nous laisse en attente, dans un renversement de situation qui fait qu'on a envie de se jeter sur la suite. En effet, L'amie prodigieuse est le premier tome d'une histoire qui va nous conduire à la vieillesse des deux filles. La suite, Le nouveau nom, est d'ailleurs déjà disponible chez Gallimard.

Je ne peux que vous conseiller la lecture.

 

Elena Ferrante – L'amie prodigieuse – Folio – 430p.