« L'ombre de nos nuits » de Gaëlle Josse
« Comment un peintre aborde-t-il un sujet ? Comme un nouvel amour ? Collision frontale ou lente infusion ? La claque ou la pieuvre ? Le choc ou la capillarité ? Plein soleil ou clair-obscur ? Toi, tu m’avais éblouie. Ensuite, je me suis aveuglée. »
Ce nouveau roman de Gaëlle Josse nous raconte deux histoires parallèles. Il y a d'un côté le récit de la création par George de la Tour du tableau Saint Sébastien soigné par Irène – avec comme narrateurs George et son apprenti Laurent – et d'un autre côté le récit d'une femme qui se remémore un amour qui s'est mal terminé, en observant ce même tableau au musée.
La partie sur la création du tableau est passionnante. On y découvre le choix des modèles – Claude, la fille du peintre pour Irène – le choix du matériau, le regard, le perfectionnisme dans l'art, la présentation du tableau au roi. On est touché par la passion du maître de la Tour et par l'amour que l'apprenti Laurent, recueilli par le maître, porte à Claude.
La partie contemporaine sur l'histoire d'amour achevée m'a, en revanche, moins attirée. Bien qu'amenée judicieusement dans la construction du roman, je n'ai pas ressenti autant d'émotions même si la jeune femme qui narre cette histoire est touchante. Pourtant ce procédé interpelle car combien de fois pouvons-nous être happés par un tableau !
L'ensemble est cependant splendide et Gaëlle Josse montre une fois de plus son talent pour conter des histoires avec passion, finesse et sensibilité.
Gaëlle Josse – L'ombre de nos nuits – Noir sur blanc/Notabilia – 196p.