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Mise à jour : 24/01/2016

New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d'immigration d'Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l'épouse aimée, et Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d'événements tragiques. Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.

Une bien belle surprise que ce roman même si bizarrement j'attendais plus sur la description des conditions de vie des « détenus » d'Ellis Island. Bien sûr Gaëlle Josse narre les problèmes, les souffrances des exilés mais elle axe surtout son histoire sur John Mitchell, le gardien des lieux depuis presque 40 ans. Cet axe de lecture est plaisant et on se rend vite compte que si les exilés vivent un cauchemar, ceux qui travaillent aussi là-bas souffrent, dans leurs vies professionnelles et personnelles. John Mitchell va ressortir meurtri de son expérience Ellis Island, cette île qui lui a arraché, d'une manière ou d'une autre, les deux amours de sa vie : sa femme Liz et la jeune sarde Nella. Quelques jours avant la fermeture définitive du site et son retour sur le continent, le gardien se décide à coucher sur papier son expérience, sa souffrance et celle des autres, sans rien omettre de ses passions et de ses regrets, avec la franchise d'un homme qui se confesse.

Gaëlle Josse livre un très beau portrait d'homme qu'Ellis Island a bouleversé à jamais.

L'auteur, connue pour Les heures silencieuses en 2011 et Nos vies désaccordées en 2012, a écrit cette histoire suite à une visite d'Ellis Island. Frappée par ce qu'elle a pu découvrir, elle a eu l'idée d'écrire le portrait de ce gardien imaginaire. La plupart des personnages sont d'ailleurs imaginaires même si des aspects ont pu être empruntés à des personnes ayant réellement vécues quelque chose sur l'île. Pour écrire son roman, Gaëlle Josse a été inspirée par des photos, des poèmes, des musiques partagés à ses lecteurs par un trumblr http://derniergardienellis.tumblr.com/

 

Gaëlle Josse, Le dernier gardien d'Ellis Island, J'ai lu, XXX pages (Édition originale : Noir sur blanc /Notabilia).