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LES LECTURES DU MOUTON
5 décembre 2014

« Joë » de Guillaume de Fonclare

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L'auteur : Guillaume de Fonclare est né à Pau le 7 juin 1968. Ancien directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, il souffre depuis 2004 d'une maladie auto-immune qui l'invalide peu à peu. Il se consacre entièrement à l'écriture depuis 2010. Joë est son troisième roman publié chez Stock.

Résumé :

Guillaume de Fonclare raconte l'histoire de Joseph « Joë » Bousquet (1897-1950), devenu poète proche des surréalistes après avoir été blessé et rendu partiellement paralysé pendant la Grande Guerre.

Mon avis :

Guillaume de Fonclare ne pouvait pas trouver personnage plus attachant et proche de lui. L'écho entre son propre handicap et celui de Joë rend le récit très touchant. Tous les deux sont venus à l'écriture suite à leurs handicaps. Guillaume de Fonclare fait d'ailleurs plusieurs fois des parallèles entre lui et Joë même s'il concentre la majeure partie de son récit à décrire la vie quotidienne de cet écrivain plutôt méconnu, ses histoires d'amour, son rapport à son corps et à la vie.

On pourrait imaginer un récit assez dépressif ; s'il peut l'être par moments, il se révèle en fait être une ode à la (sur)vie ; le handicap ne tire pas un trait sur la vie mais il faut composer et accepter l'inacceptable pour pouvoir être en paix avec soi-même.

L'ouvrage est court, se lit d'une traite et est très agréable. Je pense revenir vers cet auteur sous peu.

Extraits :

p. 22 : « Ici, je suis concrètement un handicapé, et, à ce titre, pour les yeux de Mme Chombier, j'ai disparu du domaine des vivants, je n'appartiens plus au monde des hommes. Je suis devenu minéral, abstrait, une boîte de conserve. Oui, je suis une boîte de maïs ».

p. 67 : « vous étiez certes un héros de guerre, mais vous aviez l'héroïsme tapageur avec cette moitié de corps inerte et inutile. Et quelle moitié ! La moitié qui donne des héritiers et qui fonde des familles, la moitié qui donne aux pères des petits-enfants qui seront matière à s'enorgueillir de soi, de sa race et de son sang. Avec vous, pas de petits-enfants ; vous n'êtes que promesse de grisaille et d'obscurité sur votre charrette qui attire les regards, vous qu'il faut vider et torcher comme une poupée sordide ; non, assurément non, vous n'êtes vraiment pas ce qu'on appelle un 'bon parti' ». 

p. 99 : « Vous, l'invalide, l'hémiplégique, l'impuissant, on pourrait croire que l'amour physique vous était interdit. Mais l'amour n'est pas que sexe, et le sexe n'est pas question que de phallus. »

 

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