L’auteur : Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802. Fils d'un général de Napoléon et d’une mère qui l’élève seul dans le quartier du Val-de-Grâce à Paris. C'est là qu'il grandit dans une liberté d'esprit et de lectures absolue, sous les yeux d'une mère extrêmement indulgente et assez insoucieuse à l'endroit de l'éducation. Il s'éleva tout seul, lut beaucoup, au hasard, s'éprit, dès quinze ans, à la fois de vers et de mathématiques.
Il comprit rapidement que sa vocation était toute littéraire, abandonna les mathématiques, et lança en 1822 les Odes.Il se marie la même année et cherche à suivre les pas de Lamartine.
Journaux, romans, théâtre, vers l'occupent jusqu'en 1827. A cette date, il donne Cromwell, grand drame en vers (non joué), avec une préface qui est un manifeste. En 1829, il publie son manifeste contre la peine de mort : Le dernier jour d’un condamné.
Avec la Révolution de 1830, Hugo multiplie ses créations : Notre-Dame-de-Paris en 1831, Lucrèce Borgia en 1833, Ruy Blasen 1838…
En 1841 il avait été élu de l'Académie française, après un premier échec. C’est au même moment qu’il se lance dans la politique. D’abord de droite, il tendit au fur et à mesure vers les socialistes et se positionna comme anti-clérical. Au 2 décembre 1851 il se mêla au mouvement de résistance contre Louis-Napoléon Bonaparte, et dut prendre la route de l'exil.
Il se retira en Belgique, puis à Jersey, puis à Guernesey, refusa de bénéficier des amnisties, et ne rentra en France qu'en 1870. Pendant son séjour à l'étranger, il publia de nombreux ouvrages contre les hommes de l’Empire dont Les Châtiments en 1953. C’est également durant cette période qu’il rédige Les Contemplations (1856), recueil de poèmes surtout dédiés à sa fille disparue Léopoldine ; mais aussi le roman Les Misérables en 1862.
Il mourut le 22 mai 1885, « dans la saison des roses », comme il l'avait prédit quinze années auparavant, à l'âge de 83 ans, comme Goethe. Son corps fut déposé au Panthéon, après les funérailles les plus magnifiques que la France ait vues depuis Mirabeau. Il a laissé une grande quantité d'œuvres inédites qui paraîtront successivement.
Résumé et quatrième de couverture :
« … Un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris en 1831. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse et un enfant de cette fille… Il était capable, habile, intelligent, fort mal traité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire mais sachant penser. Un hiver, l’ouvrage manqua. L’homme, la fille et l’enfant eurent froid et faim. L’homme vola. Il en résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l’enfant et cinq ans de prison pour l’homme. Il fut envoyé faire son temps à la Maison Centrale de Clairvaux. On va voir ce que la Société en a fait. »
Relation allégorique d’un drame individuel, cet ardent plaidoyer contre la peine de mort et contre la prison met à nu le mécanisme de la brutalité sociale qui ne sait répondre à la détresse que par la répression. Avec Claude Gueux, Victor Hugo n’est plus simple romancier ou poète. Il conquiert une place éminente auprès des plus grands orateurs de la Liberté.
Extraits :
- « Que la société fasse toujours pour l’individu autant que la nature ».
- « Ayez pitié du peuple, à qui le bagne prend ses fils, et le lupanar ses filles. Vous avez trop de forçats, vous avez trop de prostituées. Que prouvent ces deux ulcères ! Que le corps social a un vice dans le sang. Vous voilà réunis en consultation au chevet du malade ; occupez-vous de la maladie ».
- « Démontez-moi cette vieille échelle boiteuse des crimes et des peines, et refaites-la. Refaites votre pénalité, refaites vos codes, refaites vos prisons, refaites vos juges. Remettez les lois au pas des mœurs ».
- « Messieurs, il se coupe trop de têtes par an en France. Puisque vous êtes en train de faire des économies, faites-en là-dessus. Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous paierez six cents maîtres d’école ».
- « Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper ».
Mon avis : 8/10
Publié en 1834, tout d’abord dans La Revue de Paris, Victor Hugo raconte l’histoire vraie de ce Claude Gueux condamné à mort et guillotiné en 1832. Ce fait-divers est l’occasion pour Hugo de continuer son combat contre la peine de mort, amorcé avec brio cinq ans plus tôt avec la parution de Le Dernier jour d’un condamné. Mais, non heureux de faire un plaidoyer contre la peine de mort, Hugo en profite également pour remettre en cause la prison, le système judiciaire français, l’inertie des hommes politiques. Il met en avant les idéaux d’éducation pour prévenir les crimes, à l’instar de certains Lumières un siècle plus tôt.
Cette lecture est salutaire et doit être couplée, mise en parallèle avec le Dernier jour d’un condamné qui est déjà dans ma LAL et que je compte lire sous peu. J’ai d’ailleurs eu l’opportunité de lire un extrait de la préface dans mon édition « livre de poche » du Claude Gueux.