Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LES LECTURES DU MOUTON
8 mars 2009

« La ferme des animaux » de George Orwell

 

 

000529254

 

Mise à jour : 01/11/2015

George Orwell (Eric Arthur Blair) est un écrivain anglais né en Inde en 1903. Très engagé, il a milité contre l’impérialisme britannique sur ses colonies (Inde, Birmanie) et a participé à la guerre d’Espagne de 1936 du côté républicain. Bien évidemment, cet engagement se retrouve dans ses écrits d’autant plus que son rôle de journaliste l’incite à être le témoin de son temps.

En Angleterre, dans la ferme du Manoir, deux cochons mettent en marche un soulèvement contre le propriétaire des lieux, Mr Jones : il s’agit de Napoléon et de Boule de neige. Le propriétaire déchu, un slogan fait son apparition : «Quatrepattes oui, Deuxpattes non». Les animaux aspirent à gérer seuls, en liberté, la ferme rebaptisée « ferme des animaux ». Très rapidement, les leaders du mouvement se chamaillent tandis que les animaux subissent déjà des changements : rations diminuées l’air de rien, davantage de travail justifié par la nécessité de subvenir aux besoins de la ferme et de se protéger du retour des Hommes, un « bourrage de crâne ». Ces changements s’accélèrent quand Napoléon chasse Boule de neige et fait croire aux animaux que tous les malheurs qui s’abattent sur eux sont le fait de ce dernier. C’est le récit d’une longue descente aux enfers où les cochons, avec pour chef Napoléon, mettent en place un régime totalitaire basé sur les mensonges, la propagande, les assassinats en public ou clandestins et les menaces implicites. C’est sans compter sur le fait que le fameux slogan est ensuite progressivement remis en cause…

J’ai adoré ce livre ! Aborder le thème du totalitarisme dans un bestiaire est d’une grande originalité. L’auteur décrit avec minutie tous les aspects possibles de ce type de régime. Ecrit en 1945, il est évident que ce thème ne pouvait qu’inspirer. Mais là où on s’attend à une critique virulente du nazisme, en fait, Orwell fait plutôt le procès du communisme stalinien :

- Les animaux s’appellent entre eux « camarade »

- Le clan des cochons rappelle la nomenklatura russe

- L’exil de Boule de Neige et sa tête mise à prix par Napoléon fait miroir aux relations entre Staline et Trotski

- Par le biais de corbeaux, le clan des cochons essaie de diffuser leur révolution sur d’autres fermes, ce qui rappelle la mainmise de Staline sur les démocraties populaires

- Le premier à avoir parlé de révolte était un cochon nommé Sage l’Ancien qui peut faire penser à Lénine, le pionnier

- Le personnage même du fermier Mr Jones fait penser au Tsar Nicolas II chassé du pouvoir par la révolution.

Ce roman semble être la première grande contestation de l’URSS, jusque là peu critiquée car alliée pendant la guerre, dans une période où commence déjà la guerre froide.

Bien évidemment, il n’y a pas que l’URSS qui ait inspiré. Le nom même du chef, Napoléon, est révélateur. Ne faut-il pas oublier que Napoléon est arrivé au pouvoir grâce à une révolution - la Française, certes plusieurs années après - mais qu’il a ensuite mis en place un régime assez autoritaire - l’Empire - donc là encore il y a un grand parallèle.

Dans l’ouvrage, les moutons sont les plus fervents défenseurs des cochons et le choix de cet animal n’est pas anodin : « suivre comme des moutons… » n’est-elle pas l’expression qui désigne le fait de suivre aveuglement ?

Bref, ce court roman de 150 pages est une vraie merveille et inaugure LA grande œuvre d’Orwell, publiée trois ans plus tard : 1984.

George Orwell, La ferme des animaux, Folio, 150 pages.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
C'est un livre que j'ai lu en anglais et que j'ai beaucoup aimé. Il est très intéressant et se lit très bien !
Répondre
N
Le roman a toutes les qualités. Il est court, se lit facilement (il est écrit comme un conte), et surtout très perspicace sur le communisme. Orwell résume très bien les failles de ce système. A lire absolument.
Répondre
L
"La ferme des animaux" est plus facile d'accès que "1984", mais sa portée vaut bien celle du second livre. :)
Répondre
K
Ce livre fait partie des grands "classiques" à avoir lu, tout comme 1984. Pessimiste et visionnaire.
Répondre
L
J'ai lu "1984" il y a peu, et je l'ai plus qu'adoré. Ce livre est donc dans mes projets de lecture, tout comme "Une fille de pasteur".
Répondre
Publicité